Je suis venu en France en bateau , en 1949 .

25/03/2014 18:22

Je suis venu en France en bateau , en 1949 , à bord du paquebot " Le JAMAÏQUE ".

Départ de Saïgon - à l'époque de la présence de la France en Indochine - le 29 Septembre 1949 .

Pour quitter le port de Saïgon et rejoindre la haute mer à partir du Cap Saint Jacques , il fallait traverser la zone dangereuse contrôlée par les Viêt Minh , personne n'a le droit de rester sur les ponts . C'est dire que le pays est en guerre d'indépendance ( de 1945 à 1954 ). Ouf ! Nous arrivons au Cap Saint- Jacques sans incident .

Le bateau " Le Jamaïque " est un bateau de croisière par vocation , mais par nécessité , il est utilisé aussi pour transporter les troupes . Les troupes fraîches pour la relève et le retour en France pour les soldats qui ont fini leur contrat .

Je voyage en cabine de 3è classe . Mais oui , à l'époque il y avait : 1ère classe , 2è classe , 3è classe et la 4è classe . Cette dernière se trouve dans les cales pour les moins argentés . C'est une espèce de dortoir sans cabine . Tout le monde se couche sur un lit de camp ouvert à tous les regards , sans intimité .

Notre première escale est Singapore . Puis Colombo ( Inde ) , Djibouti , ( Somalie ) Port -Saïd ( Egypte ), Alexandrie ( Egypte ) et Marseille où nous sommes arrivés le matin brumeux du 29 Septembre 1949 .

En 1949 , la France venait de sortir de la guerre . Le port de Marseille est encore jonché de bateaux de tout tonnage dans l'eau .Des hangars détruits et incendiés .Quels spectacles de désolation ! Moi qui vanais de quitter mon pays qui est en guerre et me revoilà replongé dans l'horreur de la destruction ! Du coup , Je n'ai plus envie de quitter le bateau et de retourner en Indochine ! Hélas , il fallait revenir à la réalité . Quitter le bateau !

A l'époque , à Marseille , il y avait un Comité d'accueil Viêtnamien qui venait nous aider pour acheter les billets de trains . Tous les Viêtnamiens ne vont pas à Paris , comme moi . Les autres soit à Bordeaux , Montpellier , etc ...

Les locomotives à charbon ! Mais oui , à charbon . A nos jours , les locomotives à charbon n'existent que dans les musées. l

Je suis arrivé à la gare de Lyon le matin , un peu perdu . A l'époque - encore - il y avait des Portefaix qui travaillaient pour la S N C F . Je me suis adressé à l'un d'eux en lui tendant l'adresse de mon cousin qui était venu trois ans avant moi .Le Port-fait me conduit en métro et m'accompgne jusqu'à l'appartement . Ma cousine m'a conseillé de lui donner un pourboire .

Il avait acquit un appartement au 143 Boulevard Mangenta , Paris 10 è . Il m'a accueilli là avant de m'inscrire dans un lycée .

Mon séjour dans la capitale dure plusieurs années , de 1949 à 1956 , l'année où j'ai fini mes études en classe de Technicien Electro-Mécanicien .

En 1956 , j'ai rencontré ma future épouse qui a déjà travaillé comme Institutrice à Chérancé , près de Beaumont sur Sarthe . Nous nous sommes mariés en 1956 .Nous vivons séparément , moi à Paris , elle dans la Sarthe . Je travaillais à Paris comme dessinateur industriel . aux Etablissemnts Boyer dont le siège social est à La Riche , à Tours . Tous les samedis après midi , je prenais le train à la gare Montparnasse pour Le Mans. Puis un autre train , la Micheline , pour Alençon . Je descends à La Hutte . Mon épouse s'est arrangée avec un employé de la Poste pour me conduire jusqu'à Chérancé . L'employé de la Poste allait remettre ses sacs de courriers à un employé de la S N C F chargé de réceptionner ces sacs .

J'ai fini par trouver un emploi aux Etablissements Carel & Fouché au Mans . J'occupais le poste de " lancement en fabrication ". C'est une société spécialisée dans la construction des wagons-lits . Mais nous sommes toujours séparés pendant la semaine . J'ai une petite chambre de bonne rue Gambetta , au Mans . En 1958 , je suis embauché à la Société A R O , spécialisée dans la fabrication des machines à souder par résistances; à Château du Loir . Mon épouse a obtenu sa mutation à Château du Loir .Nous sommes , enfin , ensembles . Ouf ! Nous avons un logement réservé pour le personnel A R O . Mon épouse enseignait ,dans le premier temps , à l'école des garçons dans la rue Saint-Martin pour , ensuite , obtenir une place à l'école maternelle rue du Grand Douai . Après la départ à la retraite de Madame Cazarré , le poste de Direction est devenu libre et c'est mon épouse qui avait pris la succession . Pour ce faire , elle est partie une journée passer un examen écrit et oral à Mantes .

Mon fils , entre-temps , avait obtenu une bourse délivrée par A F S pour une année d'étude aux U S A . Il est donc parti aux États Unis en 1975 . Mais notre couple battait de l'aile depuis quelque temps déjà ,Nous avons profité de son absence pour décider de notre séparation de corps . A son retour en France , en 1976 , nous ne sommes plus ensembles . Notre fils a été averti de notre problème.

En 1986 , mon épouse part à la retraite . Elle avait acquit un studio à Paris pour se faire soigner de ses rhumatismes déformants .

En quittant mon épouse , j'ai juste pris notre caravane pour m'installer dans un taillis à Dissay -sous- Courcillon .Ce taillis m'a été vendu par un collègue. J'y suis resté jusqu'à 1978 . J'ai trouvé un logement au lieu-dit " Les Caves " à Dissay même .C'est ici que j'habite toujours jusqu' à présent .Le 27/10/ 1997 , mon épouse est décédée , suite à une opération de la hanche gauche non réussie .

Je suis donc divorcé et non veuf à l'égard de la loi .

Voilà l' histoire d'un Viêtnamien qui était venu en France avec une valise en carton comme Madame Lynda De Suza , une Chanteuse portugaise .

En 1976, j'ai obtenu la nationalité française ,à l'âge de 45 ans .Je m'attendais à aller effectuer le service militaire pour , au moins trois ou six mois . Mais l'armée a décidé de me classer dans la Défense Passive !

Je suis à la retraite depuis 1991 . Comme vous avez pu lire dans mon Blog , j'ai consacré mes loisirs à faire des voyages terrestres , d'abord , et maritimes par la suite .

Je vous remercie d'avoir consacré votre temps à parcourir mon récit .

A bientôt !